POESIE ET MUSIQUE


Des sons qui se lisent et qui s'interprètent

Comment interpréter une musique ?
Peut-on lire et interpréter une partition de différentes façons ?

Parler, pour Georges Aperghis compositeur grec né en 1945, c’est déjà de la musique.
Et oui, quand on parle on produit des sons et on rythme les syllabes !
On appelle cela la musique des mots...
Georges Aperghis a composé un recueil de récitations qui mêle des syllabes, des mots, des bouts d’expressions qu’il faut tantôt chuchoter, chanter, tantôt crier, pleurer, réciter sans reprendre son souffle, etc... Et bien sûr ces récitations ne veulent rien dire car seule la musique compte !


En règle générale, dans les chansons, la musique accompagne un texte pour mieux comprendre celui-ci. C’est tout le contraire des Récitations de Georges Aperghis !


La poésie c’est aussi l’art d’entremêler les sons et de jouer avec les sons et le sens des mots. Le sens de certains poèmes provient tout autant des mots utilisés que de leurs sonorités.


Ex : Pierre de Marbeuf, écrivain du début du XVIIe siècle (1596-1645)

"Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage"


Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.


Celui qui craint les eaux qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.


La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.


Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

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Création : Sonorisation de poésies
A l'école du buisson

Marinette est à l'école.
Elle vole, vole, vole,
Sur les ailes d'un bourdon.

Vite on ouvre une fenêtre :
Un pinson alors pénètre
Sur des ailes de chanson.

Vite on ferme la fenêtre.
Mais l’œil voit l'escarpolette D'une araignée au plafond.

Ah ! l'écolière parfaite Que vous êtes, Marinette,
A l'école du buisson !


Pierre Menanteau


Création de chanson
Le nombre de pieds (7 pieds dans chaque vers) permet de parler- rythmer la poésie, à la manière d’une comptine :
- Installer une pulsation commune
(frappés de mains à la manière des jeux de mains pratiqués dans les cours d’école) ; chaque enfant dit un fragment du texte en suivant cette pulsation
- De même en essayant de varier la hauteur, pour aller vers de petites mélodiesJeux rythmiques / pulsation Inventer une « ritournelle » qui pourra s’intercaler entre les strophes : ritournelles parlée/rythmée ou chantée, ou bien ritournelle composée de frappés de mains
Abracadabra

ABRACADABRA s'exclame l'ara ABRACADABRANT, barrit l'éléphant ABRACADABRE, chante l'araignée ABRACADABRI, bêle le cabri ABRACADABRO, flûte le crapaud ABRACADABRU conclut l'urubu


Andrée Clair


Jeux vocaux
Dire les onomatopées en jouant sur :
- Hauteur : voix grave,
aigue...
- Timbre : voix nasillarde,
timide, ...
- Intensité : tonitruante,
douce...
- Durée : étirer les syllabes,
en répéter certaines... Combiner ces paramètres pour inventer des manières de dire « Abracadabr... » à la manière des animaux cités dans le texte.Partager l’interprétation : un groupe dit le texte, un groupe dit les onomatopées
Déménager

Quitter un appartement.
Vider les lieux.
Décamper.
Faire place nette. Débarrasser le plancher. Inventorier ranger classer trier Éliminer jeter fourguer
Casser
Brûler
Dévisser décrocher
Débrancher détacher couper tirer démonter Plier couper
Rouler
Empaqueter emballer sangler nouer empiler
rassembler entasser ficeler envelopper protéger recouvrir entourer serrer
Enlever porter soulever
Balayer
Fermer Partir.


Georges Pérec

Jeux vocaux
Pour travailler le texte, le scinder en fragments.
Varier les paramètres du son, en particulier la vitesse, pour dire chaque vers du poème, en fonction du sens des verbes :
- Étirer des syllabes : rouououououler...
- Répéter des mots, des syllabes
- Dire certains vers en parlé/ryhtmé (in-ven-to- rier ran-ger clas-ser...)Alterner groupes solistesRéaliser une trame sonore avec un verbe et faire émerger les autres
Le secret

D'où viennent-ils ?
Où vont-ils ?
Tous ces humains que cherchent-ils ? Il court, il court, le Secret !
Et les hommes lui courent après !
Il est passé par ici, Il repassera par là.
C'est comment, c'est quoi la vie ? Bien matin qui le dira !
Elle est passée par ici, Elle repassera par là.
Il court, il court, le Secret !
Et les hommes lui courent après !

Andrée Chédid - Fêtes et lubies (1973)


création de paroles
créer des paroles en rapport avec le texte, à partir de la chanson traditionnelle « Il court, il court, le furet »
Dire le texte en intercalant la chanson.
Jouer sur la vitesse.
La cigale et la fourmi

La cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue:
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
"Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'oût, foi d'animal,
Intérêt et principal.
La Fourmi n'est pas prêteuse :
C'est là son moindre défaut.
"Que faisiez-vous au temps chaud?
Dit-elle à cette emprunteuse.
Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise:
Eh bien! dansez maintenant".


Jean de La Fontaine

récitation partagée
choix d’une prosodie


lecture silencieuse du texte, présenté en prose (découpage par phrases en annexe)
échange collectif (sens du texte, vocabulaire...)
par groupes :
• chacun invente une
interprétation d’une strophe et la codifie (silences, vitesse, intensité) avec l’aide de cartes
« paramètres du son »
• le groupe s’organise(solistes, collectif...) pour dire le texte
les choix d’interprétation sont indiqués sous le texte